Traduit de l’anglais en français par Marthe-Marie Rochet
Zarathoustra est absent et son absence a déconnecté de nombreux Zoroastriens du message sublime de ses Gathas.
Il s'ensuit que le Zoroastrisme sans Zarathoustra s'est transformé en une communauté fermée de plus en plus étroite, emmurée dans un joli château sans portes ni fenêtres. Personne ne peut y entrer ni en sortir!
L'absence de Zarathoustra, et par conséquent, l'oubli de son message, de son but et de son idéal ont conduit au sacrifice tragique des deux éléments de base de la doctrine sublime de Zarathoustra dans les Gathas: l'universalité de son message et sa liberté de choix.
L'élimination de ces deux éléments importants, non seulement a faussé le Zoroastrisme, mais a causé - par dommages collatéraux - l'affaiblissement des deux piliers fondamentaux de la philosophie existentielle de Zarathoustra exprimée il y a 3700 ans :
1) « L'objectif de notre vie est de vivre une existence heureuse et joyeuse sur cette terre, et
2) Le but de notre création est d'aider activement Ahura Mazda à améliorer ce monde, afin que tous les êtres vivants: humains, animaux et plantes vivent dans la paix, s'accomplissent et s'épanouissent. »
Une telle philosophie existentielle avec de tels idéaux nobles et hautement humains, ne peut et ne doit pas être laissée cachée sous les cendres de 4000 ans d'histoire et ignorée par le monde. Ce serait une trahison de l'humanité.
Par conséquent, afin de comprendre ce qui s'est passé et pourquoi c'est arrivé et quand cette mentalité de caste a été installée, nous devons examiner en profondeur 4000 ans d'histoire Zoroastrienne et trouver les raisons qui expliquent pourquoi Zarathoustra et son sublime message, les Gathas, ont disparu du Zoroastrisme.
Ce sera la condition du retour de Zarathoustra au 21ème siècle et de l'avènement de la glorieuse "Renaissance de Zarathoustra et du Zoroastrisme".
Ce qui suit est une histoire brève et claire des différentes étapes qui ont conduit à cette disparition et au début de sa réapparition.
Il y a environ 3700 ans, Zarathoustra a fait connaître l'essentiel de sa doctrine sublime ou philosophie existentielle, sous la forme de 17 chants appelés les Gathas.
A cette époque, il n'y avait pas de méthode adéquate pour transcrire ses mots, ni aucun autre moyen de les enregistrer. De plus, la langue de Zarathoustra, qui était un dialecte aryen de l'Iran oriental, dans lequel ses Gathas avaient été proclamés, avait depuis longtemps été oubliée. Cet oubli, commencé après la chute de l'empire perse achéménide au 4ème siècle avant JC, a duré environ 2200 ans, au point que pendant cette très longue période pas une phrase des gathas ne pouvait être correctement comprise.
Heureusement, les disciples de Zarathoustra avaient appris par cœur les Gathas sous forme de chants sacrés, les chantaient dans les temples et les transmettaient en tant que tradition orale d'une génération à l'autre.
Nous n'avons pas de mots pour exprimer notre profonde gratitude à ces braves personnes qui, moyennant beaucoup de sacrifices, ont préservé ces trésors, parmi les plus précieux de la culture humaine, les Gathas, et qui, en dépit de la perte de leur langue, nous les ont transmis intacts.
Au troisième siècle, au début de l'Empire sassanide, ils ont créé un système alphabétique d'écriture très sophistiquée capable de capturer et fixer toutes les nuances, les accents et la prononciation de cette langue oubliée.
Même si les Gathas ne pouvaient pas encore être compris, l'alphabet pouvait être vocalisé phonétiquement et chanter en tant que chants sacrés dans les temples du feu.
Deuxième étape
Comme je l’ai dit, le seul travail tangible qui avait été laissé par Zarathoustra était "Les Gathas" par lesquels il avait exprimé l'essentiel et le cœur de sa doctrine sublime. Mais qu'est-ce qui pouvait être accompli étant donné que leur langue avait été oubliée et dès lors, ne pouvait plus être comprise?
Par conséquent, au cours de ce très long oubli (environ 2200 ans), beaucoup ont essayé de deviner ce que Zarathoustra avait dit. N'importe qui proposait sa vision, ses interprétations et ses opinions. De nombreux rituels et mythes vides de sens à la fois pré-zoroastriens et post-zoroastriens ont été introduits, et des croyances complètement étrangères à la doctrine sublime originale de Zarathoustra entièrement fondée sur la raison et la sagesse, ont pénétré les textes de l'Avesta au nom de Zarathoustra.
Cela a eu pour conséquence qu'aucun des textes avestiques, sauf les Gathas, ont été composés par Zarathoustra. Ils sont tous écrits par des personnes, à différentes époques de l'histoire dont nous ne savons rien, ni leurs noms, ni leurs fonctions.
Beaucoup de ces textes ont été écrits soit plus de mille ans après Zarathoustra, soit appartiennent à des religions pré-zoroastriennes (religions rejetées et combattues par Zarathoustra lui-même).
Dès lors, l'oubli de la langue des Gathas qui a duré environ 2200 ans, jusqu'au 19ème siècle, est devenu la principale raison qui a causé une distorsion du message de Zarathoustra et par conséquent sa disparition du Zoroastrisme.
Le Zoroastrisme sans Zarathoustra a interagi, principalement pendant la période sassanide, avec les religions existantes, comme le Zurvanisme ou une religion plus récente comme le Christianisme, donnant naissance à d'autres religions telle que le Manichéisme apparu au 3ème siècle ou le Mazdakisme, la première doctrine communisante appelé d'après le nom de son fondateur Mazdak née au 5ème siècle.
Ainsi, le Zoroastrisme, en particulier dans la seconde moitié de la période sassanide était très loin du message original du Zarathoustra. Sa véritable essence s'était évaporée.
C'est la raison principale de la défaite de l’Empire sassanide, la
superpuissance mondiale de cette époque, au 7ème siècle, par une petite armée venue du désert d'Arabie. L’Empire qui avait battu neuf fois l'Empire romain, l’autre superpuissance mondiale, et qui avait au 6ème siècle étendu la frontière iranienne de l'Egypte à la Chine.
Avec l'invasion musulmane de la Perse au 7ème siècle, le Zoroastrisme sans Zarathoustra s'est encore dégradé et se figea sous la forme que nous connaissons aujourd'hui.
Même la découverte et la reconnaissance de la langue des Gathas et la publication des Gathas dans un livre séparé, pour transmettre le sublime message et les enseignements de Asha Zarathoustra, ne pouvaient pas y changer grand chose. Les zoroastriens, depuis leur enfance, se sont référés aux textes avestiques et beaucoup d'entre eux appelés "conservateurs" n'ont pas encore réussi s'en détacher.
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Renaissance signifie renouvellement des concepts et des visions qui ont été figés dans le temps. Par conséquent, nos actions, buts et direction sont entièrement ordonnés par la loi de Asha, ce qui signifie être en harmonie avec l'évolution méthodique et la rénovation du monde. Nous sommes également en phase avec le concept important de Haurvatat, la cinquième attribut de Ahura Mazda. Cela signifie que nous allons sortir de la stagnation et progresser vers la perfection. Et nous aurons toujours à l'esprit ces paroles d'or de Zarathoustra qui a dit: «Soyons parmi ceux qui ravivent et rafraîchissent le monde". Ceci est le but de chaque Zoroastrien(ne) visant l'amélioration du monde.
C'est dans l'obscurité que la flamme d'une bougie, quelle que soit son intensité, peut devenir un guide inestimable et nous montrer le chemin.
L'obscurité qui couvrait l'Iran après la seconde invasion musulmane en 1979, contrairement à la première qui s'est passée au 7ème siècle, a déclenché une réaction extraordinaire et puissante, avec un résultat tout à fait inattendu : un réveil sans précédent de conscience historique. Les communications de masse modernes tels que l'Internet et la télévision y ont contribué de manière évidente.
Cette tournure inattendue de l'histoire offre une nouvelle destinée pleine de lumière et d'espoir et une nouvelle perspective au Zoroastrisme dans son ensemble. Non seulement en Iran mais aussi en Inde et partout ailleurs dans le monde.
Lors de mon voyage (décembre 2013) en Inde, à Delhi où j'ai été invité par Delhi Parsi Anjoman et son directeur à l'esprit libre M. Yezad Kapadia et à Mumbai, où j'ai assisté au Congrès mondial Zoroastrien, j'ai pu constater avec beaucoup de plaisir, en particulier parmi la jeunesse Parsi, cette soif de l'universalisme et de la liberté de choix, ces deux préceptes fondamentaux oubliés du Zoroastrisme dans les Gathas. Ils luttent courageusement pour briser la carapace des innombrables vicissitudes d'une longue histoire.
Il est tout à fait remarquable de noter que non seulement le message de Zarathoustra est universel, mais lui-même se présente comme une personne qui appartient au monde entier.
Dans les Gathas, il ne dit jamais qu'il est un Aryen ou un iranien ou appartenant à un groupe de personnes défini, ou à une caste ou à un territoire. Le pays dont Zarathoustra parle est tous les pays du monde, le peuple dont il parle est tous les peuples du monde et la vie dont il parle est celle de toute vie, humaine, animale et végétale.
En relation avec cet absolu universalisme, la liberté de choix est un autre principe fondamental de la culture gathique. Le troisième chant des Gathas se rapporte entièrement à cette question. Parce que dans cette culture, chacun est responsable personnellement de sa pensée, de ses paroles et de ses actes. Et parce que la loi de l'action et de la réaction fonctionne tout le temps: chaque pensée, parole et acte entraîne des réactions correspondantes et reviennent à soi-même avec la même intensité. Le bien engendre le bien et le mal engendre le mal. Dans ce contexte, la liberté de choix entre le bien et le mal est totale et la responsabilité est aussi totale. Nous ne pouvons pas blâmer Dieu ou n'importe qui d'autre pour les erreurs que nous commettons. Par conséquent, la liberté de choix, de choisir la direction que nous voulons donner à notre vie, est fondamentale.
Voyez cette strophe:
Chant 4 strophe 11 des Gathas
Cette nouvelle conscience porte tous les signes d'une renaissance. Une renaissance glorieuse de Zarathoustra. Le tournant de l'histoire a voulu que cela se passe à notre époque. Par conséquent, c'est notre mission; et une fois de plus, cette mission est précisément la restauration du Zoroastrisme des Gathas.
Qui est le vrai Zarathoustra?
Dans les Gathas son nom est Zarathoushra, qui signifie «étoile brillante dorée». Pline, le célèbre scientifique et philosophe romain du 1er siècle écrit "Zarathoustra était né en riant". l’Avesta dit « Zarathoustra est né avec sourire, a vécu avec sourire et mourut avec sourire ".Ce mythe reflète sa philosophie et sa vision du monde dans les Gathas: une philosophie brillante de bonheur et de joie.
Il est très dommage que ses images ou ses peintures en Iran ou en Inde le représentent sous la forme d'un gourou indien barbu, ou d'un mollah islamique ou, au mieux, sous la forme de Jésus-Christ avec un doigt vers le ciel! Cela signifie que ces peintres qui ont vécu ou vivent la décadence Zoroastrienne ne savaient pas grand chose de la personnalité ou de la philosophie de Zarathoustra.
Le vrai Zarathoustra est une personne qui devrait toujours être représentée avec un sourire. Une personne qui peut rire, qui peut chanter, qui peut être joyeuse et même danser.
Contrairement à Jésus-Christ, il n'est pas à la recherche de Dieu seulement dans le ciel. Le Dieu de Zarathoustra, Ahura Mazda, est partout et en tout: au ciel, sur la terre, dans les êtres humains, les animaux, les plantes, le soleil et les étoiles ... parce que son Dieu est l'Existence même qui crée constamment et unifie tout, avec harmonie et ordre. Par conséquent, nous avons besoin en cette période de Renaissance de peintres qui puissent représenter le véritable Zarathoustra.
Le vrai Zarathoustra n'est pas un «prophète».
Parce que le mot «prophète», qui vient de «prophétie» signifiant «prédiction ", est une notion exclusivement sémite. Mais Zarathoustra n'était pas un sémite. Il est né et a grandi dans une culture aryenne où la notion de prophétie est totalement inconnue. C'est dans ce contexte que les religions sémites parlent de 124 000 prophètes! Tous ces prophètes, depuis Adam jusqu'à Mahomet ont vécu dans la région qui se situe entre le Yémen et la Palestine et l’Israel, comprenant des pays comme l'Arabie saoudite, l'Irak , la Jordanie et la Syrie. Ils parlaient tous avec leurs dieux, Yahvé ou Allah, dans l'une des branches de la langue sémitique.
Nulle part dans les régions aryennes ou non sémitique du monde, nous n'avons rencontré l’apparition d'un «prophète»: ni en Inde, ni en Chine, ni en Asie centrale, ni en Europe, ni en Amérique, ni en Afrique, ni en Australie. Les 124000 prophètes sont exclusivement issus de la zone sémite du Moyen et du proche-Orient.
En ce qui concerne Zarathoustra, toutes les recherches historiques et linguistiques des deux cents dernières années montrent clairement qu'il est un Aryen, qui vécut et mourut dans l'Est de l'Iran, où la culture sémitique n'était jamais arrivée à son époque.
En outre, si la culture sémite considère que Dieu, qui est dans le ciel, doit avoir un «prophète», ou un «messager» pour transmettre ses messages aux êtres humains qui sont sur la terre ; cela indique clairement que leur Dieu est séparé de ses créatures . Qu’il ne peut pas communiquer avec eux directement. Mais le Dieu de Zarathoustra, Ahura Mazda, est partout et en tout. Il n'a dès lors pas besoin d'un messager pour transmettre ses messages. Ahura Mazda peut communiquer directement avec toutes ses créatures à travers "la Pensée Juste» ou vohumana ..
Dans les Gathas, Zarathoustra se fait appeler un « manthran », c’est-à-dire « la personne qui enseigne les paroles qui éveillent de la pensée», ou les Gathas, les dix-sept chants qui sont l'outil le plus puissant pour la transformation sociale et spirituelle.
Pour la première fois dans l'histoire, ces chants connectent le monde de la pensée au monde de la spiritualité et en font un seul et unique monde. C'est l'un des plus grands cadeaux que Zarathoustra a offert à l'humanité.
Cet univers, dit Zarathoustra, a un principe ultime qui crée et unit tout ce qui existe. Ce principe ultime créateur et unificateur de l'existence qui rend cette existence une, il l'a appelé "Ahura", et les différents éléments de cet univers, qui ne sont pas créés au hasard, et suivent une grande sagesse ou connaissance, il l'appelle "Mazda". Dans l’univers manifesté il voit un ordre fondamental basé sur la Justesse, il l'appelle "Asha" ou (Arta).
Par conséquent, les Gathas ne sont pas un livre de foi ou de croyance. C'est un livre de connaissance. Zarathoustra ne croit pas à Ahura Mazda, ni n'a foi en lui/elle. Zarathoustra veut connaître Ahura Mazda.
Gathas, chant, 4 strophe 8
Les Gathas sont une «philosophie existentielle», une «vision spécifique sur le monde et l’existence, une manière de vivre ». Il n'y a ni commandements, ni ordres, ni faire ceci, ni faire cela. Ils n'étouffent pas les individus dans des structures rigides.
(Ici j'ai fini la première partie de cet article. La deuxième sera axée sur l'expansion du Zoroastrisme et son message auprès des générations du 21e siècle.)
