Commentaire de l’article : « Zarathoustra, l’homme qui créa le concept du bonheur »

dans le cadre de la journée du Centre d’Etudes Zoroastriennes du 26 juillet 2015

On constate que, malheureusement, des historiens des religions comme Frédéric Lenoir présente dans un livre trois maîtres de vie : Socrate, Jésus et Boudha sans citer Zarathoustra. Peut-être le philosophe Québécois Placide Gaboury dans son « Torrent de silence » qui reprend des textes spirituels appartenant aux traditions du Vedânta, Bouddhisme, Taoïsme, Judaïsme, Christianisme, Soufisme et amérindiens a-t-il cité Zarathoustra en parlant du Védanta ?

Zarathoustra, bien plus ancien (-1700 avant J-C), paraît bien être à la source de la plupart de ces religions et spiritualités (sauf amérindiens). Le travail de diffusion de la pensée de Zarathoustra par Khosro Khazai Pardis est dès lors d’autant plus précieux.

Ce qui est commun à toutes ces religions et spiritualités, c’est l’Amour entendu en langue grecque comme Agapè, c’est-à-dire l’amour désintéressé, divin, universel, inconditionnel au-delà de l’ « Eros » qui est l’amour sexuel, de Storgê, qui est l’affection familiale, et de « Philia », qui signifie l’amitié. Et cet Agapè appartient aussi au Zoroastrisme.

« Mener une vie heureuse et joyeuse » et « prendre part activement à l’amélioration du monde afin que tous les êtres vivants, humains, animaux et plantes, vivent en paix et en plénitude »  : la philosophie existentielle de Zarathoustra est tout à fait actuelle, révolutionnaire et nécessaire, si nous voulons contribuer à sauver notre espèce humaine dont l’avenir est gravement mis en péril.

Dans un Gatha, il dit « Le sage choisit le bien, et l’ignorant le mal » : le bien représente toutes les forces qui mènent vers la réalisation d’une vie heureuse et joyeuse et le mal toutes les forces qui l’en empêche. Ce qui permet de distinguer le bien du mal, selon Zarathoustra, c’est la sagesseLe droit de choisir est selon Zarathoustra un droit fondamental. Et chacun est responsable de la voie qu’il choisit.

Mais comment, dans la situation de crises actuelle et devant les difficultés matérielles et morales auxquelles doit faire face un nombre de plus en plus important de personnes, mettre en oeuvre concrètement cette philosophie ?

A l’époque de Zarathoustra, le système économique dans lequel nous sommes plongés, n’existait pas. L’argent n’existait pas, ni dès lors ce qu’il en est advenu : être un but au lieu d’un moyen. Il n’y avait pas de manipulation publicitaire pour amener les gens à consommer au-delà de leur nécessaire. Le linguiste nord-américain Noam Chomsky a élaboré une liste de « Dix stratégies de manipulation » à travers les médias. Zarathoustra ne connaissait pas non plus le fonctionnement du cerveau humain, ses éventuelles faiblesses comme la dépression endogène par exemple ;… l’existence et la force de l’inconscient personnel et collectif… Dès lors, comment exercer la sagesse aujourd’hui sous une telle pression, surtout si elle est absente dans l’éducation ?

Aujourd’hui, des scientifiques et des économistes réagissent. Il y a un mouvement de fond qui exprime un ras-le-bol, une recherche de sens et de bonheur. En témoignent les nombreuses études et publications sur le bonheur dont un site web qui est aussi le titre d’une somme : « Le grand livre du bonheur » qui rassemble le résultat de ces études. L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) a lancé en 2011 un indicateur du bien-être visant une adaptation du PIB (Produit Intérieur Brut) utilisé par les Etats largement critiqué dans les milieux scientifiques car il ne tient pas compte d’une série de paramètres concernant le bien-être des personnes. L’ indicateur de l’OCDE comporte 11 critères : logement, revenu, travail, communauté, éducation, environnement, gouvernance, santé, bien-être subjectif, sécurité et conciliation travail-vie privée… Le BNB (Bonheur National Brut) du Bhoutan, longtemps une référence en la matière est remis en cause…

De multiples « bulles » d’alternatives concrètes au système économique dominant – qui ne vise pas le bonheur de tous mais le plus grand profit immédiat au détriment de ce bonheur collectif – éclatent un peu partout sur la planète, y compris parfois dans des pays en développement, en Afrique par exemple : villes en transitionpermaculture et agriculture biologiquegroupements d’achats solidairesmonnaies localessystèmes d’échange locaux (SEL),…repair caféincroyables comestibles dont le slogan est : « L’abondance, le fruit du partage », les donneriesle mouvement des Colibris de Pierre Rabhiobjecteurs de croissancesimplicitaires volontairesCommunication non Violentemindfulness (pleine conscience)droits des animauxdéfense de la biodiversité, et j’en passe…

Pourtant, à notre avis, toutes ces initiatives (sauf la CNV) manquent de repères qui guident les humains vers le vrai bonheur. Elles risquent même parfois, dans le cas par exemple des simplicitaires, d’engendrer une nouvelle morale entraînant jugements et culpabilité.

Si je reviens à Zarathoustra et à la liberté de choix, celle-ci exige me semble-t-il de vaincre l’ignorance et d’avoir les moyens pour exercer concrètement son choix. C’est seulement dans cette mesure que l’on peut considérer que l’être humain est libre et responsable de son choix.

Quels sont les repères que nous proposons pour vaincre l’ignorance et promouvoir le choix du bonheur ?

La première question à se poser pour mémoire : Qu’est-ce qu’un être humain ? Sans doute y a-t-il plusieurs définitions. Notre définition est celle-ci : un tout composé d’un corps physique, d’une psyche comprenant des aspects psychologique, émotionnel et intellectuel (le mental), d’un corps spirituel ou âme qui comprend l’âme personnelle et l’âme universelle, cf Carl Gustav JUNG et de l’Etre (en anglais « stillpoint », littéralement point tranquille). Dans l’Evangile de Marie-Madeleine de Jean-Yves LELOUP, l’homme serait un composé de corps (soma), d’âme (psyché), d’esprit (noûs) et d’Esprit (Pneuma).

Sauf l’Etre ou Esprit (Pneuma, souffle divin en nous), qui n’a pas de besoin par définition, l’être humain, tout comme les autres êtres vivants : animaux et plantes, ont des besoins vitaux. Ces besoins, personnels et collectifs en ce qui concerne les humains, doivent être connus, identifiés et satisfaits de manière adéquate, dans un équilibre et avec des objectifs à long terme, moyen terme et court terme.

S’ils sont ignorés, y compris par les politiques, il y a risque de mal-être, maladie, parfois de mort…et de guerres…

En relation avec les aspects décrits ci-dessus de la personne humaine, les besoins vitaux sont dès lors physiques, psychologiques, émotionnels, intellectuels et spirituels. Ils sont considérés comme formant un tout indissociable car ils interagissent. Les émotions indiquent des besoins. Le corps parle. Il faut apprendre à d’abord l’écouter avant de le faire taire à force de médicaments. N’est-ce pas ce savoir qui serait aujourd’hui le fondement de la sagesse ? Car ces besoins se manifestent personnellement et collectivement par des signaux de manque, des symptômes de maladie qui doivent pouvoir être décodés.

Mais pour pouvoir prendre soin de ses besoins, outre les connaître et en avoir les moyens, il faut être en bonne santé physique et mentale, se trouver dans des circonstances de vie normale, pouvoir demander de l’aide et la recevoir.

Le père de cette théorie est le psychologue Abraham Maslow dont le livre de référence « Motivation » a été traduit en français : « Devenir le meilleur de soi-même ». Ce titre n’est-il pas le programme proposé par Zarathoustra ? Marge Reddington (par ordre alphabétique), infirmière et psychothérapeute américaine, a développé cette théorie et l’a rendue plus accessible à tous. C’est elle qui a inspiré l’auteure du site « pourlebonheur.be ». N’est-il pas évident que ce savoir conduit à la sagesse, permet de résister aux sollicitations de la société de consommation ? Le mal, c’est l’ignorance.

Le besoin racine, celui qui sous-tend tous les autres, est la sécurité vitale : sécurité physique, affective, besoin d’assurer sa survie physique et spirituelle… Il y a une bonne cinquantaine de besoins qui ont été répertoriés.

Certains pensent connaître leurs besoins vitaux. Ils ne connaissent que ceux qui apparaissent immédiatement à leur conscience pour autant qu’ils soient à l’écoute et qu’ils ne se trompent pas parce qu’ils peuvent confondre besoins et envie et manière de satisfaire les besoins ou parce qu’ils recherchent des compensations pour des besoins non identifiés, non satisfaits.

Cette théorie demanderait une conférence de deux heures. Je n’ai fait que l’esquisser. Si vous souhaitez en prendre plus largement connaissance, voici l’adresse du site : qui comprend un forum de discussion.

Dans l’esprit de la philosophie existentielle de Zarathoustra, il serait bon aujourd’hui, pour le bonheur durable personnel et collectif et pour la paix, de ramener à la mémoire les besoins vitaux en passant par la théorie et par l’entraide. Il s’agit de repères auxquels les personnes en général, et en particulier, les bâtisseurs d’un nouveau monde et les membres de la communauté éducative, les directions des homes et des prisons, les responsables politiques… pourraient se référer pour nourrir la sagesse, poser des choix responsables vers le bonheur et aider au bonheur de tous.

Source: http://www.reajc.be/pourlebonheur/fr/article.php3?id_article=545


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